Comment réagir lorsque l’on perd? Lorsque l’on est dépossédé? On sait rarement comment réagir pour soi et pour les autres lorsqu’il s’agit de perte. Perte d’un conjoint, d’un travail, d’une promotion, d’un concours, d’une compétition. Et pourtant. Perdre est un passage obligé.
Souvent, la comparaison fait en sorte de nous garder dans un espace négatif. Et on se compare à ceux et celles qui possèdent, selon nous, plus que nous : plus d’argent, plus de succès, plus de pouvoir, plus de santé. Nous sommes des saboteurs puissants de notre personne. Cela peut venir de notre éducation. Si nos parents nous comparaient à ce qu’ils croyaient mieux, nous avons vite enregistré que nous étions…moins. « Regarde ta grande sœur, elle réussit à l’école. Pourquoi ne fais-tu pas comme elle? » Parfois, il ne suffisait même que d’un regard désapprobateur, sans mots. Ou alors, nous sommes perfectionnistes. Mais plus souvent au’autrement, nous nous faisons des idées sur ce que notre vie « devrait être ».
Un des exemples qui aide le plus à comprendre nos différences dans l’adaptation à la perte est la séparation amoureuse. Il y a des personnes qui s’effondrent. D’autres qui deviennent rapidement philosophes, d’autres qui vivent à fond leur peine et se relèvent. D’autres qui, on a l’impression, ne s’en sortiront jamais. Comment expliquer un tel phénomène?
Un élément de réponse se trouve entre autres dans la compassion que l’on a envers soi-même. Ce concept de compassion envers soi-même a été développé par la psychologue Kristin Neff. Il inclut 3 composantes:
– la bienveillance envers soi-même;
– la reconnaissance que la souffrance et l’échec personnel fait partie de l’expérience partagée par l’humanité;
– la « pleine conscience » qui est l’observation de ses pensées et émotions négatives telles qu’elles sont, sans les juger, essayer de les nier ou de les supprimer.
Je vous l’accorde, ça prend de la pratique.
Lorsque je m’occupe de moi comme je m’occuperais de mon meilleur ami dans une situation difficile, je me permets de ne pas voiler ma perte (emploi, conjoint, promotion, examen non réussi etc.)Je lui fais de la place. Je sais que je ne peux passer à autre chose, sans passer par cette phase. Je ne me juge pas. Je suis mon meilleur ami. Je suis la personne avec laquelle je vais vivre le plus longtemps…ça vaut la peine de s’y arrêter et de se faire de la place.
Lorsque je reconnais que la souffrance et l’échec personnel font partie de la vie, je cesse également de me comparer. Je suis conscient que je fais partie d’un tout, l’humanité. Et que celle-ci souffre. Cette fois-ci, il s’agit de moi. Et je vais m’en sortir. Parce que j’ai l’exemple autour de moi de gens qui s’en sortent.
En observant mes pensées telles qu’elles sont, sans les juger, sans essayer de les nier ou de les chasser, je me donne le droit d’être ce que je suis. Sans me juger. C’est difficile. On voudrait tellement être quelqu’un d’autre parfois. Se connaître est certainement le plus beau cadeau que je puisse me faire. En étant authentique, je me donne des outils qui me permettront de rebondir plus tard. Je ne me voile pas. Je sais reconnaître mes forces, les apprécier et me donner les moyens de développer de nouvelles compétences. Tant que je ne reconnais pas qui je suis vraiment, j’ai un peu la tête dans le sable et je peux difficilement évoluer.
Parce que c’est de ça dont il est question. Rebondir. Revenir. Passer à travers. Évoluer. Évoluer vers une autre expérience. Faire de la place pour ce que la vie me réserve. Et en jouir pleinement. Après. La vie va continuer. Ca, c’est certain.