Nous sommes en pleine semaine de prévention du suicide. Commençons en disant que les nouvelles sont meilleures dans ce domaine. Le taux de suicide au Québec a baissé entre 2005 et 2009, les plus récentes statistiques disponibles. Il semble donc que le fait d’instaurer une semaine de prévention du suicide soit une excellente initiative. De même, plusieurs programmes sont nés récemment. Un entre autres, propulsé en association avec le téléroman Yamaska s’appelle « Tu es important pour nous ». Il est ciblé vers les jeunes.
Ce qui frappe lorsqu’on scrute les dernières statistiques, c’est que le suicide est encore et toujours une affaire d’hommes. Et c’est à ceux-ci que j’aimerais m’adresser aujourd’hui. Bien sûr, je n’oublie pas toute personne qui vit de la détresse, au point de penser que s’enlever la vie réglerait ses problèmes. Il y a d’autres moyens, même lorsque l’on pense qu’il n’y a plus de moyens. Lorsqu’on pense ainsi, c’est qu’on a fait le tour de toutes nos ressources. Il est temps d’en trouver de nouvelles. Il y en a de nouvelles.
Les hommes donc, sont ceux qui se suicident le plus. La tranche d’âge entre 35 et 49 ans est la plus fortement touchée, suivie des 50-64 ans et ensuite, des 20-34 ans. Il est aussi rapporté que les méthodes utilisées par les hommes sont plus létales que celles des femmes. Autrement dit, un gars, ça ne se manque pas !
On croit souvent que nous vivons dans une société plus égalitaire entre les hommes et les femmes. C’est sûrement vrai dans plusieurs domaines. Mais les cognitions ont la vie dure chez les hommes. Autrement dit, certaines idées reçues sont encore fortement incrustées chez eux. Les valeurs de virilité, fierté, clichés sur ce qu’est la force de caractère ont la vie dure. Ces pensées peuvent ressembler à ceci: « Je ne peux pas vivre sans emploi. Je suis responsable de la sécurité de ma famille. Sinon, je suis un fardeau. » » Je ne pourrai pas vivre sans mes enfants. » « Je ne peux accepter que ma conjointe refasse sa vie. » « J’ai trop de dettes, je ne m’en sortirai jamais. Je suis mieux de disparaître. J’ai honte de ce que je suis. » » Un homme trop faible pour se lever du lit et aller travailler, c’est pathétique. Quelle honte. »
Toutes ces phrases ne sont pas vraies. Tous les êtres humains ont des épisodes difficiles, parfois très difficiles. Seulement, peu de gens le savent. On le cache quand ça va mal.
Il y a toujours quelqu’un à qui l’on peut confier n’importe quel désarroi. Quelqu’un qui va écouter, ne pas juger. Que ce soit un professionnel ou un proche.
L’idée est la suivante: NE RESTEZ JAMAIS SEUL AVEC CE QUE VOUS VIVEZ. CE N’EST PAS NÉCESSAIRE. TOUT LE MONDE VIT DES DIFFICULTÉS. TOUT LE MONDE. IL N’Y A RIEN DE TROP GRAVE, DONT ON NE PUISSE S’OCCUPER.
Lorsque l’on partage sa détresse, celle-ci diminue. On commence déjà à faire le ménage. Quelqu’un d’autre la porte un peu avec nous. Rien n’est trop grave pour ne pas trouver une oreille attentive et réconfortante pour en parler. Rien. Quoiqu’on en pense. Si l’on croit que notre entourage « ne pourrait jamais comprendre » ou que l’on souhaite ne pas partager nos pensées avec nos proches, il y a des professionnels très empathiques, très aidant qui ne demandent qu’à vous écouter. Ils aiment tellement aider, qu’ils en ont fait leur métier.
Nous sommes souvent nos pires bourreaux. Nous nous mettons une pression que personne d’autre que nous ne peut nous infliger avec autant de sévérité.
Nous sommes parfois forts ET parfois fragiles. Et c’est c’est acceptable. C’est tout à fait convenable. C’est même souhaitable.