– Cet homme a réussi. Il a tout ce qu’on peut désirer.
– Cette femme respire la réussite. Regardez son assurance.
Réussite est un mot populaire. Employé quotidiennement dans les médias, les blogues (!), dans le discours corporatif, avec les enfants. Mais réussir, qu’est-ce que ça veut dire? Qu’est-ce que ça implique? Qu’est-ce que ça change?
Il y a plusieurs façons de définir la réussite. Certaines tentatives d’explications sont rattachées à nos valeurs profondes et à nos désirs ou fantasmes. Ne dit-on pas « réussir sa famille », « réussir sa carrière », « réussir son couple », « réussir ses études », « réussir dans son domaine ». On connaît bien les termes « réussir sa vie » et « réussir dans la vie ».
Généralement, nous parlons de réussir lorsque nous atteignons nos objectifs : perdre du poids, réussir nos études, arrêter de fumer, avoir la promotion souhaitée. Mais voilà. Qu’est-ce que l’on fait après avoir réussi ? On se trouve d’autres projets à réussir? On se remet une médaille?
C’est pourquoi il peut être intéressant de différencier succès et réussite.
Ainsi, nous pourrons également ouvrir sur ce qui est considéré comme son contraire…l’échec. L’échec redouté, craint et qui peut même nous empêcher de tenter de nouvelles expériences parce qu’on en a peur. Pourtant, l’échec est inévitable. Prenons-le pour ce qu’il est: un ingrédient inestimable faisant partie de notre apprentissage. Un passage vers la suite de nos expériences humaines.
Connaissez-vous des gens qui n’ont jamais connu l’échec ? Qui ne se sont jamais planté ? Même les plus grandes célébrités ont vécu des échecs. Des disques qui ne vendent pas, des passages à vide chez des acteurs dont le téléphone ne sonne plus, des échecs financiers, des contrats non obtenus pour de grandes firmes. Pourquoi devrions-nous en être épargnés?
Le mot échec fait peur. La peur de l’échec est courante et parfois paralysante. De là l’importance de lui redonner sa véritable place, ni plus ni moins importante que celle relative au succès: une place temporaire. L’échec est donc un passage. L’échec est même une façon bien plus certaine d’atteindre la réussite que nous convoitons tous. Pourquoi?
C’est le jour où nous vivons un échec que nous nous penchons vraiment et sans complaisance sur ce qui n’a pas marché et que nous pouvons bénéficier de l’expérience de l’échec pour améliorer notre processus. L’échec a donc des vertus : nous permettre un temps d’introspection, un ajustement, des améliorations, parfois des transformations.
Le succès ne nous permet pas ce genre d’approfondissement. Le succès étourdit. Il peut même complètement déstabiliser ceux et celles qui le vivent. Certaines personnes ne peuvent pas porter le succès. Elles l’ont embrassé avec fougue, l’ont vu comme une finalité et n’ont pas su relativiser sa valeur. Certains noms nous viennent déjà en tête…
Cessons d’avoir peur de l’échec. L’échec arrive à tous. Il est temporaire. Bien sûr il nous rend plus humbles. Il permet d’évoluer, de nous améliorer. Il peut même permettre de recevoir du soutien réconfortant,
Il n’y a rien de final ni dans le succès, ni dans l’échec. Tous les deux se valent sur l’échelle temps de notre vie : ils sont temporaires. Ce n’est qu’au bout de la route que nous pourrons mesurer notre réussite si l’envie nous en prend. Parions que nous nous souviendrons de ces échecs qui nous auront permis de nous découvrir et de grandir…